Oaxaca : un régal visuel et gustatif
925 km au cœur de la culture zapothèque. De Mazunte et ses plages, à Candeleria et sa jungle, à San José Del Pacifico et ses montagnes, à Chichicapam et sa vallée désertique, le Oaxaca rayonne par sa diversité.
Les premiers kilomètres Oaxaqueno se font dans les montagnes jusqu’à Zanatepec.
« Pec » qui signifie « montagne » dans la langue zapoteca.
Le Oaxaca, c’est une ancienne culture, une civilisation vieille d’au moins 2 500ans où 16 dialectes sont parlés.
Après 100km au milieu des manguiers, Rodrigo et sa famille m'offrent un coin d’herbe pour la nuit .
Objectif : passer le nouvel an en compagnie.
Dans cette région fruitière, je dois enchainer les kilomètres pour arriver à Mazunte le 31.
Je me gave de chicozapote pour affronter le dantesque vent de la Ventosa - ville considérée la plus venteuse du Mexique -.
Les champs d’agaves et les parcs de zébus remplissent le décor.
111 km jusqu’à la maison d’Erik à Tehuantepec pour bivouaquer.
Le 30 Décembre, je suis plus qu’à 220 km de l’objectif.
Tête baissée et genoux pliés, je fonce vers le Nord.
Campement à El Coyul après 110 km puis 110 nouveaux km pour rejoindre Mazunte.
En cette saint Sylvestre après 600 km et 6 jours, des amis cyclo-voyageurs, Yessi, Claudia, Santiago et Jeshua m’accueillent bière en main.
Accompagnés par les shots de mezcal, nous célébrons la fin de 2020 et la bienvenue de 2021 sous les étoiles.
Nous prévoyons de poursuivre quelques jours ensemble.
La folie des montagnes
Le 1 er Janvier, nous organisons brièvement l’itinéraire, l’objectif étant de rejoindre San José Del Pacifico.
Nous allons passer de 0 m d’altitude à 3000 m en 100km, les corps vont souffrir.
52 premiers km vers Candelaria, au revoir les plages paradisiaques et bonjour la jungle et sa riche flore.
Un joli campement au milieu de cacaotiers, de bananiers et autres corossols « guanabana ».
Puis on attaque les portions de haute montagne.
Des courbes aux pourcentages dignes des cols ardus du Tour de France.
Chacun à son rythme face à son effort et sa souffrance pour atteindre Jatalengo.
Accolés à un baraquement, nous installons notre campement sous les yeux émerveillés de deux petits garçons.
Santiago sort son ukelele pendant que nous alimentons le feu pour cuire le souper.
Après des heures d’efforts, ces plaisirs simples sont si savoureux.
Notre peloton se lance ensuite sur l’ultime tronçon de notre objectif.
44 km d’échappée en passant par le col de San Miguel de Suchixtepec.
Les nuages se mêlent aux sommets, lointaine est la chaleur de Mazunte, glaçant est le froid des montagnes.
Nous parvenons à San José Del Pacifico, trouvons un magnifique lieu pour se reposer, fiers et heureux d’avoir accompli cette ascension ensemble.
Les journées Mezcalisées
Le 5 Janvier, descente avec en ligne de mire la vallée du Mezcal.
Riz-cacao pour remplir nos estomacs et rejoindre l’étendue désertique du Oaxaca.
Depuis les hauteurs, un paysage jaunâtre apparaît.
Les cactus et champs d’agaves m’émerveillent.
Je découvre le Mexique de mon imaginaire enfantin.
En chemin, dégustation du breuvage typique du Mexique : le Mezcal.
Cette boisson est un alcool d’agave.
(la tequila est un type de Mezcal utilisant « l’agave azul »).
Quelques shots et un homme nous offre une bouteille d’un litre.
Sous les propulsions de cette potion, nous roulons jusqu’à Barranca Larga.
Dans ce village d’une centaine d’habitants, nous installons notre campement sous une terrasse.
Les hommes du village travaillent aux Etats-Unis dans la vente de pastèques et sont de retour pour 3 mois.
Chose commune au Mexique de rencontrer des familles ou les hommes partent 9 mois et rentrent pour les fêtes.
Ils viennent de distiller un mezcal à 74°, ça décape.
Le jour des rois mages dans un décor de western, nous repartons avec la bonne gueule de bois.
À Ocotlan, je découvre le Tejate, une boisson typique du Oaxaca à base de maïs et de cacao.
Puis nous rencontrons un producteur de Mezcal qui nous explique le procédé et nous régale un Tepache (une sorte de cidre d’ananas).
Décidément ces journées sont très alcoolisées.
Le soir nous arrivons chez les amis de Santiago à Chichicapam.
Cette famille zapothèque nous accueille avec un superbe mole (plat typique mexicain).
Une journée de repos pour laver mon attirail et j’embrasse mes amis avant de partir seul sur les routes du Oaxaca.
Route vers la capitale
J’apprends que l’étymologie de Oaxaca provient de son arbre le « Guaje ».
Au milieu de tous les champs d’agaves, je croise des agriculteurs travaillant avec les zébus.
Je passe par la capitale du Mezcal : Santiago de Mazatlan.
Puis par Mitla « lieu des morts » et ses ruines archéologiques Zapotèques/Mixtèques
À Santa Maria de Tule, je croise l’arbre le plus large du monde : 14m.
Et en fin de journée au milieu des cathédrales, j’arrive dans la capitale Oaxaca.
Un tour dans l’immense marché Benito Juarez pour déguster un chilacayote (une boisson de courge) et je prends du temps pour préparer la suite.
Le 10 Janvier, j’arme le bicloune et m’attaque aux montagnes du cœur mexicain.
À 2000 m d’altitude, le soleil est enfoui dans les nuages.
Les arbres aux couleurs automnales m’accompagnent jusqu’au village de Nacaltepec.
Dans ce village grand comme mon Drouges natal, je suis reçu par le secrétariat municipal.
Je partage mon mezcal avec les policiers et mon chocolat avec les enfants.
Au petit matin j’embraye dans le flanc des montagnes vers mon objectif de Tehuacan.
J’entre dans le grandiose canyon Alas Verdes et ses cactus centenaires.
Sur ces kilomètres, je me sens redevable envers mon vélo.
Quelle magnifique décision ai-je pris d’entamer ce voyage en deux roues.
À chaque épingle, le vent se fait plus fort et ma liberté plus savoureuse.
Dans ces efforts intenses, je trouve de l'énergie dans la satisfaction de gagner le moindre mètre.
Sur mon vélo, chaque coup de pédale est une bataille, chaque mètre de gagné est une victoire et les descentes sont mes récompenses.
Usé, je m’arrête à San Juan de Los Cues.
La protection civile me reçoit avant que je me fasse escorter par 10 policiers à la sortie du village.
Ma présence n’a pas été bien vue par le maire en cette période de pandémie.
J’installe ma tente sous un entrepôt abandonné.
À quelques hectomètres de quitter le Oaxaca, Gustavo remplit mes sacoches de citrons.
À la prochaine page, je serai dans l'État du Puebla