Chiapas, la prospérité des peuples indigènes
390 km et 15 jours parmi les chiapanecos. Chol, Tzotzil, Tzeltal.. trois des nombreux groupes ethniques qui font la singularité de cet état frontalier du Guatemala. Tropical et montagneux, Chiapas est considéré comme le poumon mexicain pour ses ressources naturelles.
À la découverte d’un nouveau monde
En passant la douane Tabasco-Chiapas, je découvre les montagnes à l’horizon.
Sur le bord de la route, des panneaux annoncent la présence des singes hurleurs.
Le bruit de ces singes me rappellent les hurlements porcins lors de leur mise à mort (#GastinesViande)
En ce jour de sainte Guadalupe, j’entre dans la ville de Palenque.
Je suis accueilli par une famille locale. Manu, Lucy & Jade vivent une « casa » mi parpaing mi bambou.
Ici, les gens parlent Ch’ol, l’une des 72 langues dérivées du maya.
Deux nuits de repos, réparation du vélo et discussions variées avec ces amis, guide et professeur de métier.
Le 14 Décembre je prends la direction d’Ocosingo se situant à 125 km.
Ça grimpe fort, je redécouvre certains de mes muscles au repos depuis les Alpines néo-zélandaises.
De village en village, je croise des gens avec des machettes qui coupent le bois, je lance des « hola - buenos dias » et reçois des sifflements en guise de réponse.
Dans ces montagnes, ça grouille de civilisation là où je pensais la vie éteinte.
Après une longue descente, j’atteins Agua Azul pour bivouaquer.
Une magnifique cascade vide de touristes, les joies de la pandémie.
Je repars vers Ocosingo sous les cris enfantins « gringo, gringo », je rétorque systématiquement « no soy gringo ! ».
Dans les villages, l’homme blanc est systématiquement assimilé aux américains.
Gringo = nom donné aux américains - une histoire dit que durant la guerre (1846-1848) les soldats américains portaient une tunique verte et les mexicains balançaient des « Green go ».
Sur la route du café seiche devant les habitations, je m’arrête discuter avec l’un des travailleurs.
À ma plus grande surprise, il ne parle pas Ch’ol mais Tzeltal (en plus de l’espagnol et de l’anglais)
J’entre dans un nouveau monde ! En une centaine de km : trois dialectes, c’est dingue !
Au creux de la vallée, j'arrive à Ocosingo, cette ville tzeltal de 146 000 habitants.
La famille de Don Pepe m’ouvre ses portes.
Durant 4 jours je vais rester avec ces amours, José Luis le papa, Céci la mamie, Elki la maman, Nina la fille et Emiliano le petit fils.
Je suis bloqué dans cette ville par les manifestations des zapatistas.
Le Chiapas se distingue par ses mouvements protestataires depuis le traité du libre échange USA-Mexique en 1994.
Pour défier le gouvernement, des micros sociétés « les caracoles » ont été créé.
Cette semaine là, les militants bloquent la route à Oxchuc, coupent le réseau de la vallée et par mesure de sécurité on me conseille d’attendre quelques jours.
Je profite de mes journées avec Don Pepe pour cuisiner, apprivoiser Téo le perroquet et me balader dans les marchés de la ville.
Nous visitons le site archéologique de Tonina et sa pyramide - la plus haute de mésoamérique -
Et le 20 Décembre, je décide de prendre un bus de 90 km passant par Chanal pour rejoindre San Cristobal et continuer l’aventure.
San Cristobal de Las Casas, ville historique de la colonisation
Perchée à 2100 m d’altitude, cette ville fut l’une des premières villes créée par les Espagnols.
Son nom regorge d’histoire :
- San Cristobal pour le saint Christophe patron des voyageurs : ce lieu est l’épicentre des vendeurs de la région depuis des décennies
- Las Casas en l’hommage à l’évêque Bartolomé de las casas : missionnaire espagnol célèbre pour avoir dénoncé les pratiques des colons et protégé les peuples indigènes.
Esthétiquement, l’architecture coloniale et ses cathédrales colorées font le charme de la ville.
Durant cette semaine de Noël, je fais une halte à l’auberge Puerto Vieja en compagnie d’une soixantaine de personnes.
Je crée de belles amitiés avec Carolina ou Colin mais la recrudescence de touristes dans le même lieu ne me plait guère.
Je ne voyage pas pour me retrouver dans un environnement purement anglo-saxon et bondé de backpackers.
Une virée à San Juan de Chamula pour découvrir la culture Tzotzil et son église aux croyances surprenantes.
Son temple est un mélange des croyances mayas, catholiques et industrielles.
À l'intérieur, pas de chaises mais des aiguilles de sapins pour rappeler la montagne, sacrée dans les croyances mayas.
Les murs sont décorés par les différents saints du catholicisme.
Au milieu des pleurs, de la musique, des prières et des coqs sont sacrifiés. Les maladies humaines seraient transmises dans ces oiseaux et le sacrifice comme seul échappatoire.
Les croyants boivent du coca-cola. Cette boisson gazeuse permettrait de sortir le mal du corps.
Coca-cola a réussi à s’immiscer dans la religion ! Je n'en reviens pas.
Le lendemain du réveillon de Noël, je file, une bougie de plus de soufflée. J’ai 26 ans.
Une pure descente de 85 km vers Tuxtla, la capitale du Chiapas.
Je croise les villages traditionnels de Nachig, Navenchauc ou Chainatic.
À la traversée d’un pont, je m’émerveille au-dessus du Canyon de Sumidero.
Dans les fortes chaleurs de basse altitude je suis hébergé par Enoch, un ami de Daniela, elle-même amie d'Albane, une amie rencontrée en Nouvelle Zélande (le monde est si petit!)
Le 27 Décembre, ultime journée dans le Chiapas.
John Lennon dans les oreilles, la température sèche et chaude transpercent mes vaisseaux.
Je roule vers Cintalapa en passant par Ocozocoautla, bourgade où règne les Tuc-tuc.
La protection civile me donne la permission de camper sous son toit.
Bientôt j’entrerai dans mon tant aimé état Oaxaqueno