Nicaragua : du Pacifique à l’Atlantique, des volcans, à la jungle.
Un mois à vadrouiller dans le pays des Nicas, 1000 km de la région sèche du Nord Ouest, à la zone tropicale de la région autonome des Caraïbes.
Au revoir le Honduras, Bonjour le Nicaragua.
Par la frontière de Guasaule, j’entre dans le pays des lacs.
Je dépense ma mitraille dans les taxes d’entrées dans le pays.
J’arrive à Somotillo affamé et sans argent.
Surprise, pas de banque dans le bled et je suis dans l’impossibilité de payer par carte bleue.
Je me réfugie à la caserne des pompiers en leur expliquant la situation.
Le lendemain, 70 km pour rejoindre Chinandega et me procurer des précieux Cordobas, pour lancer cette nouvelle intrigue.
Sur la route, un nica, Denis, me tend la main en m’offrant de la nourriture.
Dans la ville de 130 000 habitants, je prends une journée de pause.
Je lave mes frusques, me procure une carte sim, et je fais ripaille.
Je reprends la route vers Léon, je m’émerveille devant tous les volcans : San Cristobal, Casita, Telica ou Santa Clara.
Devant la magnifique cathédrale blanche de la ville, je mange un Baho, un plat de légumes avec de la viande de bœuf et des raspados leoneses, une rafraîchissante glace locale.
Le soir, je roule vers Poneloya. En toquant aux portes, Marvin m’accueille sous une palapa face au pacifique.
Puis, route vers la capitale Managua.
À l'horizon, les volcans Del Hoyo et du Cerro Negro.
Au bord du lac de Xolotlan, les frères Momotombo et Momotombito sortent de terre pour le plaisir de mes pupilles.
Sous une pluie diluvienne, je rejoins Nagarote où les pompiers me régalent l'asile.
Le 27 Juin 2021, je prends la direction de la maison de Don Manuel à Managua.
Ici je reste une semaine pour organiser une journée de la bicyclette auprès du centre culturel de la « Casa Camaleon ».
La journée de la bicyclette - Managua 04/07/2021
Après une semaine de préparation, le Dimanche 4 juillet fut l’occasion de partager mon aventure avec les enfants de la Casa Camaleon.
L’association de Francisco et Claudia œuvre à mener des actions éducatives auprès des bambins du quartier.
Avec la précieuse aide de ces deux compères, Don Manuel, Marie et Juan Carlos, nous préparons des activités pour les enfants.
Crêpes, atelier de lecture et coloriage, une pêche aux cadeaux et une découverte du monde par des cartes et photos.
De manière ludique et malgré la pluie, ce Dimanche fût l’occasion de rêver tous ensemble.
Un grand merci à tous.
Mon séjour dans la capitale nicaraguayenne aura été marqué par la rencontre de Manuel.
Dans le quartier de Maximo Jerez vit cet homme charismatique.
Dessinateur, collectionneur, peintre, historien, Manuel est une encyclopédie et sa maison un musée.
Autour de cafés et repas, il conte son vécu. Son enfance avant le terrible tremblement de terre de 1972, l’évolution de la société et, de son magnifique dévouement envers les cyclo-voyageurs.
Parce que Manuel fait partie de ces anges du monde, qui me font me sentir à la maison peu importe où je suis.
Après tout, nous humains, sommes habitants de la même maison, la planète.
Mil gracias mi amigo, el gran « chavalito Don Manuel »
À Managua, j’ai l’occasion de médiatiser mon aventure par la chaîne nationale CDNN ou le journal Orgulloso Nicaraguense.
Je me rends également à l’Alliance Française présidée par Franck où j’ai l’honneur de rencontrer notre ambassadeur : Brieuc Pont.
En compagnie de mes amis Juan Carlos et Marie, un couple franco-espagnol pédalant d’Alaska à l’Argentine, nous quittons la capitale.
Le long du volcan Masaya, nous gagnons le lac Cocibolca et la ville Granada à l’architecture coloniale.
Entre un "vigoron" et un "grama", nous répondons aux questions du youtubeur Chepeando.
Ce répit de 3 jours à l’auberge Boca a Boca, me permet de mettre un point final au Super-Cycle-Loto.
Un joli bilan de 2000€ récolté grâce à 400 contributeurs et 40 entreprises partenaires.
Les Caraïbes et le melting pot culturel
350 km de bagotage entre Granada et Bluefields.
Je roule vers l’Atlantique en bivouaquant dans le comedor (restaurant) de Guadalupe et Jonathan à Juigalpa.
Sous le hurlement de Tlaloc, je pédale avec une visibilité quasi nulle, et sous des trombes de pluie. Je n’ai jamais subi autant de pluie.
Après 82 km, je rencontre de valeureux soiffards dans le restaurant El Tigre à la Gateada. Je reste camper au sous-sol.
Dans la merveilleuse nature nicaraguayenne, je traverse El Coral où l’on m’offre le petit déjeuner.
À Nueva Guinea je suis hébergé par la famille de Justo Ramon.
Alors que je parviens à Bluefield, la tempête bat son plein. La famille de Greta (l’ami d’une amie) me propose l’hébergement.
Durant quatre jours je partage mon quotidien avec la famille Gonzalez.
Les repas succulents d’Ideala, les histoires de Daniel l’architecte, les découvertes locales avec Daid et Elmer, la buena onda des sœurs Greta et Onyx et la partie de cuisine avec le petit Eryx.
D’ici j’organise mon excursion en bateau vers les villages caribéens.
Un air misquitos
Du port de Bluefield, où nombres de la population parlent un créole anglais, j’embarque dans une « panga » vers Laguna de Perlas.
En arrivant, je laisse ma cargaison au Green Lodge pour aller découvrir les alentours.
Alors que je roule vers le village de Raitipura, j’entends un nouveau dialecte : le misquito.
Je rencontre Wilson, membre de la communauté qui m’emmène manger un bouillon de poisson avec sa famille.
Autour de moi, des collègues aux yeux rouges écarlates sifflent le gifiti (rhum local), des anciens zonent les maisons construites sur pilotis, les enfants se baignent dans le lagon et les zébus et cochons se prélassent dans le village.
Je termine par un détour vers Awas avant de rentrer vers l’auberge.
Un air garifuna
Avec mon vélo et mes besaces, je dois prendre une nouvelle panga direction Orinoco où je vais organiser une journée de la bicyclette.
À l’embarquement, quel vacarme !
Pour s’assurer d’une place dans le bateau, il faut sauter dans la barque et espérer que les bagages suivent.
Moi le blanc-bec et mon barda, je subis et regarde désespérément la scène.
Seulement bateau journalier.. je me résigne à revoir mes plans !
À côté des cochons hurlent à la mort à l’idée de grimper dans les pangas.
Un homme me souffle « Orinoco ? » - « Si » - « Come on ! » - « Youhou, gracias senor ».
J’embarque dans une panga de marchandises dix fois moins rapides, mais qui arrivera à destination !
À côté de moi siège Roy Flores, un garifuna parti la veille récupérer quatre cochons pour sa finca.
Sous la pluie, il me partage son pain de coco quand je lui partage mon poncho. Sympatoche.
En arrivant, Kensy, la cheffe du village, et Mati son mari finlandais, m’accueillent en m’appelant « el loco ».
Rejoindre ce village relève de l’aventure et de l’incertitude, avec un tel chargement, de la folie.
C’est sur les bords d’un lagon de la côte caraïbe que se trouve ce village garifuna.
Ce peuple descendant de l’île de Saint Vincent, né du métissage entre les Arawaks et des tribus africaines, chassé par les colons britanniques et français, a trouvé refuge sur les côtes du Bélize, Guatemala, Honduras et Nicaragua.
Bien qu’ici la langue garifuna se soit perdue, les coutumes de la musique et de la danse demeurent.
Le village résonne reggae, les villageois trinquent le Gifiti, le poisson frit, je festoie avec la famille d’Ashton.
La journée de la bicyclette - Orinoco 18/07/2021
Le 18 Juillet, je me rends dans l’école du village avec ma monture.
Les enfants parlent un créole anglais. Je m’exprime dans la langue de Shakespeare pour me faire comprendre.
Dans la joie et les sourires, chacun repart avec ses cadeaux.
Je reste trois jours dans le village.
Avec Mati, installé depuis 1982 au Nicaragua, ancien élément de l’ambassade finlandaise, certainement le plus garifuna des scandinaves, j’apprends maintes histoires sur ce village.
Ce périple sur la côte caraïbe fut un voyage dans un havre de paix.
Le dernier tronçon vers la porte costaricienne
De retour à Laguna de Perlas avec une panga, j’emboîte mon deux roues vers el Rama.
Dans la jungle et les exploitations bananières, dans les terres vallonnées de l’épicentre Nicaraguayen, je roule jusqu’à El Coral.
De nouveau je rencontre la famille guanaco-nica de Guayardo.
Durant le dîner de ceviche, c’est avec grand plaisir que je réponds à la ribambelle de questions qu'on m'assène.
Alors que je repars vers le sud, je romps mon porte-bagage. La cargaison tiendra avec du scotch.
À Las Palomas, la famille Rocha me prête une maison de parpaing en construction.
De religion évangéliste, ils s’étonnent de mon athéisme.
Serais-je infidèle ? Je leur explique mon amour pour l’humanité dans toute sa différence.
L’ultime journée nicaraguayenne, je roule vers San Carlos.
J’y croise plein de chevaux, trouve un soudeur d’aluminium et prépare les papiers pour le Costa Rica.
C’était « tuani » de voyager par ici, maintenant c’est parti pour la « pura vida » du Costa Rica.